À 52 ans, le vainqueur du Vendée Globe 2004-2005 s’est lancé dans un nouveau défi : le Class40. Après un an de navigation au côté d’Aurélien Ducroz, le voici à bord de son propre bateau, Pierreval – Fondation Goodplanet (n°203), avec de l’innovation (un seul safran, un aileron sur la quille) et une sacrée dose de motivation. Objectif : faire le plein de plaisir et ne rien s’interdire, même de jouer les trouble-fêtes aux avant-postes de la course.
Qu’est-ce qui t’a motivé à t’engager en Class40 ?
J’avais encore envie de naviguer, tout simple. J’aime ça, ça reste ma passion à la base ! Le Class40, c’était un format qui me convenait bien. J’ai beaucoup regardé ce qui se faisait aussi en Ocean Fifty mais il y avait un peu moins de visibilité sur le programme. Le Class40, c’est un bateau plus simple, pas compliqué, sans gros budget, avec une petite équipe… Ça correspondait très bien à mes envies du moment ! J’ai tellement fait d’IMOCA que j’avais envie de voir ce qui se passait ailleurs.
« Pas forcément être le plus rapide mais le plus malin »
Débuter par une course en solitaire dans un Atlantique Nord parfois capricieux, c’est un sacré challenge !
J’aime beaucoup The Transat CIC. C’est une course qui ne m’a pas toujours réussi mais j’en garde de bons souvenirs. Je n’aime pas aller à la facilité. J’avais envie de me faire plaisir mais aussi de participer aux courses du calendrier et de me rapprocher de Québec-Saint-Malo. Et puis revenir aux États-Unis par la voile, c’est quelque chose de très fort.
Quels sont les bons souvenirs que tu évoques ?
Ce que j’apprécie, c’est le défi que ça représente de faire cette course. Ici, les situations météos peuvent s’enchaîner vite. Il y a du jeu, de la stratégie. Il ne faut pas forcément être le plus rapide mais le plus malin pour gérer l’enchaînement des systèmes. À la fin, l’arrivée est toujours aussi chouette : on a peu l’occasion d’arriver en Amérique du Nord à la voile. C’est un lieu emblématique, un endroit chargé d’histoire. L’île de Manhattan, c’est un des endroits mythiques de la planète.
Tu as un bateau innovant avec un seul safran, un aileron sur la quille… Ce sont des innovations qui peuvent être précieuse sur cette course ?
L’idée de l’innovation, c’est d’essayer d’aller le plus vite possible en course. Je pense que ça peut être pas trop mal dans l’Atlantique Nord : ça me donne théoriquement un petit avantage aux allures de près.
« Tant que l’envie est là… »
Le niveau est particulièrement dense au sein de la flotte Class40…
Je suis là pour ça ! Faire une transatlantique sans concurrence, ce serait beaucoup moins intéressant. Lors de la dernière édition, nous étions peu d’IMOCA mais on avait eu un mano-à-mano avec Armel le Cléac’h… C’est ce qu’on vient tous chercher ! Cette année, en Class40, il y a tous les meilleurs clients. Après ce sera forcément compliqué mais il n’y a pas de belles courses dans la facilité. On vient chercher de l’engagement, de la confrontation, du combat. Et je suis persuadé qu’on va en avoir !
Tu connais l’IMOCA sur le bout des doigts. Quel regard portes-tu sur le plateau et cette nouvelle saison ?
Ils ont une superbe flotte ! Le challenge est particulièrement intéressant avec deux transatlantiques et un tour du monde cette année, le tout après avoir fini très tard la saison précédente. Il y a de très beaux projets, très bien géré. Je pense que cinq à six équipes sont au-dessus du lot, comme dans beaucoup d’autres séries. Il y a aussi des projets très divers et une présence féminine intéressante avec Sam Davies et Justine Mettraux. J’ai hâte de voir d’ailleurs les performances de Justine avec ses nouveaux foils ! Ça va être une super course !
Tu t’élances à 52 ans, Jean Le Cam a 64 ans… Ça montre que la passion pour le large n’a pas d’âge ?
Moi ça va encore ! Jean, ça commence à être plus extrême (rire). Tant qu’on aime et que l’envie est là, il n’y a pas de raison de se priver. Moi, ça me fait plaisir de repartir et je ne le fais pas par obligation mais par plaisir. Mais je ne dis pas que je serai là à 64 ans !