Première transatlantique disputée entre le Vieux continent et les États-Unis, The Transat CIC a contribué à populariser la course au large, à démocratiser la pratique et à faire émerger de grands champions, d’Éric Tabarly à François Gabart, de Philippe Poupon à Armel Le Cléac’h. Course particulièrement engagée, parfois marquée par des conditions très virulentes, cette ascension atlantique qui incarne l’histoire a également su se réinventer au fil des époques à l’image de cette nouvelle édition entre Lorient et New York.
Il s’agit d’une histoire qui a traversé les époques et qui se transmet sur les pontons comme un moment fondateur de la course au large. Celle d’un homme qui avait conçu un bateau dans le but unique de remporter la deuxième édition d'une course disputée en 1964. Vingt-sept jours après le départ de Plymouth en Angleterre, il fait émerger son étrave dans le brouillard à Newport en tête de la course alors qu’il n’a aucune idée de son classement. Ce marin d’exception, c’est Éric Tabarly qui vient d’entrer dans la légende. À bord de Pen Duick II, il est le grand vainqueur de la 2e édition de la Transat anglaise, future Transat CIC. La France découvre ainsi la course au large à travers ce jeune officier de Marine salué par le Général de Gaulle au salon du nautisme.
Eric Tabarly à la barre de Pen Duick VI en 1976 - © LE DROFF/SIPA
Les marins français toujours à la fête La Transat anglaise était née quatre ans plus tôt grâce à deux amis britanniques, Herbert Hasler et Francis Chichester, un journal pour assurer le financement (The Observer) et cinq skippers sur la ligne de départ. C’est le début d’une grande aventure, tous les quatre ans, qui va consacrer les plus grands… Et beaucoup de skippers français. Tabarly avait donné le ton en s’imposant une deuxième fois (1976), ce qui lui avait valu de descendre les Champs-Élysées devant une foule venue en nombre. Ensuite, après le succès de Phill Weld (1980), ils sont six Français à s’être imposés lors des éditions suivantes. Dans cette liste de lauréats, il y a Loïck Peyron, vainqueur à trois reprises (1992, 1996, 2008) mais aussi Philippe Poupon (1988), Francis Joyon (2000), Michel Desjoyeaux (2004) et les deux derniers lauréats, en 2016, François Gabart (ULTIM) et Armel Le Cléac’h (IMOCA).
Eric Tabarly sur les Champs-Elysées après sa victoire en 1976 - © BOCCON-GIBOD/SIPA
La course a ainsi traversé les époques et s’est imposée comme un incontournable. Si les villes de départ et d’arrivée ont changé, traverser les affres de l’Atlantique Nord est resté une constante. Surtout, The Transat CIC a su s’adapter avec son temps et fait office de trait d’union entre le passé des pionniers, le dynamisme de la discipline actuelle et son futur. Il n’y a ainsi rien d’anodin à s’élancer depuis Lorient, devenu ces dernières décennies le centre névralgique de la course au large, base arrière de tant d’écuries de course au large.Les skippers IMOCA, Class40 et inscrits en Catégorie Vintage qui s’élancent cette année mettront donc le cap vers l’Ouest avec un objectif : s’offrir une arrivée prestigieuse à New York et admirer la skyline depuis la mer. Quoi de plus emblématique que la Statue de la Liberté comme prestigieux hôte d’accueil pour tous les marins ayant franchi la ligne d’arrivée de The Transat CIC, avant que ces derniers ne viennent s’amarrer aux pontons de la Marina One 15 à Brooklyn.‘Big Apple’ fait ainsi intimement partie de l’ADN de la course puisque c’est là que s’est achevée la première édition en 1960 et la dernière en 2016. L’histoire continue donc de s’écrire en ce printemps, avec l’assurance de conserver des images à couper le souffle de cette arrivée incomparable et mémorable. Ce sera aussi l’occasion de démontrer à quel point les bateaux n’en finissent plus d’innover. La transatlantique est ainsi devenue au fil des éditions un marqueur de l’évolution technique de la discipline. En 1960, il avait fallu 40 jours à Francis Chichester pour franchir l’Atlantique. Cinquante-six ans plus tard, lors de la dernière édition, François Gabart n’avait mis que 8 jours ! Ces progrès permettent aussi d’envisager avec optimisme les mutations des routes marchandes avec l’émergence des voiliers-cargos. Des projets qui se multiplient et qui contribuent à devenir plus vertueux en matière de respect de l’environnement et de la biodiversité.
LE PALMARÈS DE LA COURSE 1960 - Sir Francis Chichester (Gypsy Moth III) / 40 j 12h 30 min 1964 - Eric Tabarly (Pen Duick II) / 27j 03h 56 min 1968 - Geoffrey Williams (Sir Thomas Lipton) / 25 j 20h 33 min 1972 - Alain Colas (Pen Duick IV) / 20j 13h 15 min 1976 - Eric Tabarly (Pen Duick VI) / 23j 20h 12 min 1980 - Phil Weld (Moxie) - 17j 23h 12 min 1984 - Yvon Fauconnier (Umupro Jardin V) / 16j 6h 25 min 1988 - Philippe Poupon (Fleury Michon IX) / 10j 09h 15 min 1992 - Loïck Peyron (Fujicolor) / 11j 01h 35 min 1996 - Loïck Peyron (Fujicolor) / 10j 10h 05 min
2000- Francis Joyon (Eure-et-Loir) / 9j 23h 21 min 2004 - Michel Desjoyeaux (Géant) / 8j 8h 29 min 2008 - Loïck Peyron (Gitana Eighty) / 12j 11h 45 min 2016 – François Gabart (MACIF) / 8j 8h 54 min