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Richomme-Beccaria, paroles de leaders

Le premier a pris les commandes chez les IMOCA jeudi dernier, le second est devenu leader des Class40 la nuit dernière. Yoann Richomme (PAPREC ARKEA) et Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli) sont à la tête des deux flottes de la course alors que le suspense ne s’est jamais tari depuis le départ dimanche dernier. Les deux marins ont pris le temps de revenir sur leur esprit du moment et ce rush final jusqu’à l’arrivée. Tous deux font preuve d’un sacré sang-froid et rappellent que tout peut encore basculer.


©PolaRyse

Qu’est-ce que ça change psychologiquement d’être en tête ?

Yoann Richomme : « Ce qui change, c’est que j’ai la pression ! J’aimerais bien la gagner cette satanée course ! Après, c’est tellement compliqué de tout avoir bon que cet objectif est encore loin. Je me donne à fond, ça donne une forme d’intensité dans chaque décision que je n’avais pas avant. J’essaie de relativiser pour réfléchir calmement et tenter toujours d’avoir un coup d’avance. »

Ambrogio Beccaria : « Pour le moment, mentalement, ça ne change rien. Par contre, ça m’aide et ça m’encourage parce que ça démontre que je fais les choses de la bonne manière. Notre coach, Tanguy Leglatin nous a dit que cette course était un ultra trail et je crois qu’il a totalement raison. Là je suis en tête pour la première fois de la course mais je sais que ce qui nous attend est tellement long que ça ne veut rien dire. »

 

Comment expliquer ce niveau d’intensité depuis le départ ?

Y.R : « Quand je vois la liste des concurrents, je ne suis pas vraiment étonné. Je ne sais pas combien de Solitaire de Figaro ont été disputées par les uns et les autres mais ce sont des skippers qui ont cette culture de la performance. Je savais que ça allait être dense du début jusqu’à la fin et ce sera vraiment le cas. Je sais qu’à la moindre erreur, le groupe derrière moi me rattrapera. Le niveau sportif est monté chez tout le monde. »

A.B. : « Moi, je m’attendais à ça, je ne pensais pas que l’intensité de la course allait être plus faible. C’est aussi pour ça que je suis venu disputer The Transat CIC. Je voulais voir jusqu’où on pouvait aller. C’est vrai que depuis le départ, le rythme est incroyable ! »

 

« Je n’arrive même pas à donne une ETA »

 

Quel regard portez-vous sur la course de tes poursuivants ?

Y.R : « Il y a un bon groupe en tête de course avec Charlie (Dalin, MACIF Santé Prévoyance, 2e), Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 3e), Samantha Davies (Initiatives Cœur, 4e) et Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne) et tous poussent fort. Ça navigue super propre. Il y a un niveau de navigation et de préparation qui donne un match très serré même pour ceux qui prennent des options un peu différentes. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’ils font. »

A.B. : « Jusqu’à ce samedi, je faisais partie des poursuivants. Je trouve que Ian (Lipinski, Crédit Mutuel) prouve que c’est un grand champion. Il n’avait pas le bateau le plus rapide au reaching et au final, il a fait toute la partie au reaching en tête. Son début de course est incroyable. Je suis un peu déçu pour Nicolas (d’Estais, Café Joyeux) qui fait toujours de supers bons départs mais qui doit sans doute faire face à des problèmes techniques, c’est vraiment dommage. Il aurait mérité d’être dans le bon paquet. Fabien (Delahaye, LEGALLAIS) est un des favoris et il le reste ! »


Qu’est-ce qui vous attend d’ici l’arrivée ?

Y.R : « On a un bord de portant qui a commencé ce matin et on s’est fait rattraper par un banc de brume. Il fait super froid, l’eau doit être à 2° et l’air pas beaucoup plus…  C’est impossible de faire trop de changements de voile dans ces températures. Ça ressemble aux mers du Sud en plus extrême parfois. Ensuite, il y a une zone de transition et une fin qui a l’air longue et lente en fonction du timing. C’est ce qui fait que je n’arrive même pas à donner une ETA. 5% de différence de vitesse peuvent engendrer 24 heures d’écart donc ce n’est pas facile de se prononcer.

A.B. : « Il y a plein de choses qui vont se passer dans les cinq prochains jours de navigation ! On a presque un phénomène météo par jour. Là, c’est un beau tout droit pour arriver jusqu’à l’anticyclone et après il y a l’enchaînement très rapides de différents systèmes météos. J’ai même du mal à y voir clair dans ma tête, ça va trop vite ! Ça bouge dans tous les sens : je ne sais pas du tout avec quel vent on va arriver à New York !

 

Est-ce que le fait d’être en tête permet de naviguer en étant plus libéré ou au contraire c’est une pression en plus ?

Y.R : « C’est forcément beaucoup plus de pression. C’était pas mal d’être juste derrière Charlie (rires) ! L’arrivée se rapprochant, il y aura une intensité supplémentaire. J’essaie de me détacher du résultat parce que je sais que jusqu’à l’arrivée, tout peut changer.

A.B. : « Non, pas du tout. Le classement, ça me permet juste de savoir si je fais les choses dans le bon ordre. C’est un petit plus certes mais je ne vais pas passer mon temps à regarder les autres. On a tous des bateaux différents, on a tous des bobos différents. J’ai une avance tellement petite à cinq jours de l’arrivée… Je ne me sens pas plus libre qu’avant !


©Julien Champolion / PolaRyse

 


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