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Patrick Isoard et Rémy Gérin, deux amateurs éclairés en lice en catégorie en Vintage






Deux amateurs éclairés sont en lice cette année dans la catégorie Vintage : Patrick Isoard (Uship pour Enfants du Mékong) et Rémy Gerin (FAIAOAHE). Trinitains tous les deux, les deux sexagénaires, qui affichent de nombreux milles et plusieurs transatlantiques au compteur, ont hâte de prendre le départ de The Transat CIC ce dimanche avec chacun leur objectif. Interview croisée.


Quel est votre parcours nautique ? 


Patrick Isoard : J’ai 65 ans. Je navigue depuis plus de 40 ans et fais de la course au large en amateur en IRC depuis une quinzaine d’années. J’ai notamment fait cinq transatlantiques en solitaire. En 2022, j’ai eu envie de faire la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2026. J’ai commencé à me renseigner sur le type de bateau que je pourrais acheter pour courir en Rhum Mono et j’ai fini par acheter un ancien IMOCA 50 qui a déjà fait le Rhum avec Daniel Ecalard. Je l’ai ramené en Bretagne en mai 2023 et j’ai commencé à naviguer dessus. Je me suis entraîné tout l’été avant de le mettre en chantier de septembre à décembre. Depuis, je m’entraîne avec un coach pour bien le prendre en main. 


Rémy Gerin : De mon côté, j’ai 61 ans et je navigue depuis plus de 30 ans, plutôt sur des formats hauturiers et course au large. Le bateau, que j’ai fait construire il y a 18 ans, doit avoir environ 70.000 milles au compteur. J’ai effectué sept transatlantiques et un tour du monde avec. Je l’ai emmené aux Marquises, aux Tuamotu et j’ai passé deux fois le Cap Horn. J’ai surtout beaucoup navigué en équipage. Mon grand plaisir a été d’emmener beaucoup de monde sur l’eau sur l’Atlantique, le Pacifique et en Méditerranée. J’ai aussi participé à la Classic Week d’Antigua en 2017 et fait le prologue en faux solo. J’ai terminé 3e sur une vingtaine de concurrents. J’ai trouvé ça génial. Quand j’ai ramené le bateau à la Trinité-sur-Mer en 2019, j’ai décidé de mettre au solitaire. J’ai ensuite participé à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 2022. 


Qu’est-ce qui vous a poussé à vous aligner au départ de The Transat CIC ? 


Patrick Isoard : Au départ, je ne savais pas qu’elle était ouverte aux marins amateurs et je n’envisageais pas de la faire. Mais lors d’une réunion Route du Rhum – Destination Guadeloupe, OC Sport Pen Duick nous a indiqué qu’un système de points avait été mis en place pour l’édition 2026 et que The Transat CIC, qui a un gros coefficient, était qualificative pour le Rhum. J’ai aussi échangé avec Francis Le Goff, qui m’a dit que c’était une super course. Je me suis inscrit. C’est très excitant car ce parcours est tout nouveau pour moi. Je n’ai jamais fait de transatlantique par le nord. Mon bateau est adapté à ce genre de conditions, il est solide, grand et confortable. Je ne suis pas trop inquiet. J’embarque avoir moi une association : les enfants du Mékong. Pour moi, ce projet personnel a pour objet de mettre en lumière cette association qui œuvre en faveur de l’éducation des enfants défavorisés. Ma fille y a été bénévole pendant deux ans aux Philippines. Je suis allée la voir. J’ai été impressionné par ce qu’ils arrivent à faire avec aussi peu de moyens. 



Rémy Gerin : J’ai adoré naviguer en solitaire sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. J’ai réussi à terminer la course en finissant par le tour de l’île. J’ai mis 31 jours mais ça ne m’a pas paru long. J’étais content, c’était sympa. J’ai fait la course en queue de flotte avec Pen Duick III et Terranimo. On était un petit groupe à se tirer la bourre. J’ai adoré ! Et j’ai une histoire avec New York avec ce bateau. Après la Transat Classique 2008 que l’on a gagnée en temps réel en équipage, on est allés à New York avec le bateau. C’était assez fort d’arriver sous voiles là-bas et de passer devant la statue de la Liberté. On avait navigué un peu sur l’Hudson et l’East River, j’en garde un très bon souvenir. Quand j’ai vu le parcours de The Transat CIC, j’ai eu envie de la faire. Pour moi, cette course est une fin en soi, pas un moyen de faire la Route du Rhum. 


Quel regard portez-vous sur le parcours et ses difficultés ? 


Patrick Isoard : On va devoir négocier les grandes dépressions que l’on va rencontrer. Et on en aura plusieurs. Après, la difficulté viendra de leur positionnement. Si elles sont suffisamment sud, on aura la possibilité de passer au nord et on aura du portant, mais il ne faudra pas aller trop nord à cause de la zone des glaces. Les contourner bien au sud rallonge énormément la route et je ne serais pas certain d’arriver dans les temps le cas échéant. Sinon, on devra les traverser, ce qui est violent pour l’homme et le bateau. 

Rémy Gerin : J’ai déjà fait ce parcours mais dans l’autre sens, entre New York et la Trinité-sur-Mer. Là, on sera face au vent et aux systèmes météo. Je ne suis pas super rapide donc je sais que je vais en prendre une colonie. Je m’y attends et m’y suis préparer. Après, tout va dépendre de la fréquence des dépressions et de leur intensité. Si elles sont très hautes, on sera obligés de passer en dessous, et si elles sont très basses, de passer au-dessus. C’est le scénario rêvé mais je ne crois pas à un alignement de planètes. Je les prendrai comme elles viendront. Contrairement aux IMOCA qui auront un aperçu de la météo sur presque tout le chemin, ça ne sera pas le cas pour nous. 


Quel est votre objectif sur la course ?

Patrick Isoard : Mon objectif principal est d’arriver à New York dans les temps et d’accumuler assez de points pour pouvoir participer à la Route du Rhum. On n’est que deux concurrents. On va chacun faire sa course et se regarder, sans se tirer la bourre. Il y a toujours un peu d’appréhension car je sais que ça sera difficile, mais je suis très motivé et content d’y aller. Francis Le Goff est très accessible et à l’écoute et les organisateurs sont supers, avec une mention spéciale à Marion Olivier, la chef de projet de la course qui est vraiment à l’écoute. On est très bien entourés et écoutés. Nos problématiques sont aussi importantes que celles des professionnels pour OC Sport Pen Duick, ce qui est très appréciable. On n’est pas du tout considérés comme la dernière roue du carrosse. Je trouve ça important de le souligner.


Rémy Gerin : Je me suis fixé un objectif de 27 jours pour arriver à New York. C’est le temps qu’avait mis Éric Tabarly pour traverser. Je pense que j’ai un bateau plus rapide que Pen-Duick II mais que le skipper est moins talentueux. Sinon, il n’y aura pas de compétition avec Patrick. C’est une bombe, nos bateaux n’ont rien à voir. Le sien est beaucoup plus performants. Je vais me battre à ses côtés, mais pas contre lui, en lui souhaitant d’arriver bien avant moi à New York. 


Vous avez tous les deux une activité à côté. Comment conciliez-vous entraînements et activité professionnelle ? 


Patrick Isoard : J’ai un shipchandler à la Trinité-sur-Mer et quatre magasins d’accastillage dans le Morbihan. Je suis bien occupé surtout que je recherche activement des sponsors. Je gère une équipe de 12 personnes qu’il faut coordonner, ce qui nécessite de passer du temps dans l’entreprise. Ce n’est pas simple de concilier les deux mais j’ai réussi à faire une vingtaine de navigations à la journée et mon parcours de qualification de 1100 milles en mars. Je suis assez à l’aise, je maîtrise bien le bateau. 


Rémy Gerin : Je suis professeur de marketing à l’ESSEC, à Paris, où je suis la plupart du temps même si je vis entre la Trinité-sur-Mer et Paris. C’est une question d’organisation et de priorisation. 



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