"Colette est le nom d'une enseignante allemande qui me détestait à l'école. J'étais comme si quelqu'un n'avait pas travaillé assez dur aujourd'hui et je pense que c'est moi !”
22.05.2016
Edouard Golbery et Robin Marais arrivent en 4ème et 5ème position et nous font part de leurs impressions.
Edouard Gobery - Région Normandie
"Le meilleur moment de la course, c'est lorsque nous avons commencé à descendre au vent et que le bateau s'est stabilisé. J'ai passé une quinzaine de jours à un angle de 35 degrés et c'était comme si quelqu'un vous lançait des grenades - c'était assez douloureux.
Cette course est vraiment différente des transatlantiques que l'on fait jusqu'aux Açores, où l'on s'amuse tout le temps. Cette course a été vraiment douloureuse et chaque jour depuis le départ jusqu'à quelques jours avant mon arrivée, j'ai eu envie d'abandonner. Je pensais que je n'arriverais jamais. Chaque jour, j'ai craqué.
Chaque fois que le tracker avait l'air bizarre, ce n'était pas moi, c'était parce que quelque chose s'était cassé. J'imagine les gens qui me regardent à la maison en train de plaisanter : est-ce qu'il écrit son nom ? Est-ce que c'est un E ? Mais c'est à ce moment-là que ma grand-voile s'est cassée. Elle s'est fendue verticalement et j'ai dû la réparer. Ce n'était pas trop grave, mais cela m'a pris beaucoup de temps. La seule façon de le faire était d'aller sous le vent, alors j'ai fini par aller vers l'est et en arrière.
J'ai appelé la grosse tempête Colette, le nom d'une enseignante allemande qui me détestait à l'école. Je me suis dit que quelqu'un n'avait pas travaillé assez dur aujourd'hui et je pense que c'est moi ! Je vais me faire botter le cul par Colette. Et c'est ce qui s'est passé.
Nous avons eu beaucoup d'orages en fait. Il y a eu une grosse tempête et ensuite beaucoup de fronts à traverser. À chaque fois, c'était la même chose : il faisait beau au début, puis les prévisions météorologiques - auxquelles je ne suis pas habitué - annonçaient que dans 10 heures, ce serait la guerre, alors il fallait se préparer. Vous avez 25/30 nœuds, du vent et de la pluie, puis du soleil et pas de vent, puis 30 nœuds... Une partie vraiment difficile de la course était qu'à chaque vague, le bateau donnait l'impression de se briser.
On m'a demandé à Plymouth pourquoi le Class40 était le bateau idéal pour faire The Transat, et je peux leur dire maintenant que ce n'est pas le bateau idéal pour faire The Transat. Chaque fois que vous touchez une vague, le bateau explose, BAM, et quelque chose se brise - parfois le bateau, parfois vous.
À un moment donné, je dormais et je me suis réveillé en volant de l'autre côté du bateau. J'ai atterri sur le cou et je n'ai pas pu bouger pendant cinq heures.
Je suis vraiment très heureuse d'être à New York. Jusqu'à ce que vous soyez ici, vous ne pensez jamais que vous allez être ici. C'est tout simplement fou. Je n'ai pas encore réalisé que j'étais ici. Il faut que j'aille voir un opéra, que j'aille courir dans Central Park, que j'aille à Times Square, que je trouve des bars sympas.
Robin Marais - Espirit Scout
"Je n'ai pas eu de catastrophe, mais j'ai eu pas mal de problèmes techniques. Je pense qu'en les additionnant, on n'est pas passé loin de la catastrophe ! C'est vite compliqué quand on est seul sur le bateau. La première dépression que nous avons traversée a été la plus importante mais pas forcément la plus dure car elle était au portant. Edouard et moi nous sommes retrouvés ensemble dans la tempête, il y avait des rafales jusqu'à 45 nœuds, parfois même 50 nœuds. Le bateau surfait à plus de 20 nœuds. Après la tempête, nous nous sommes demandés si la route nord, c'est-à-dire la route la plus courte, serait la meilleure, ou si nous devrions descendre vers le sud avec Louis (Duc) sur une route plus conservatrice. Nous avons décidé de rester sur la route la plus courte, mais c'est là que les problèmes ont commencé. J'ai perdu l'antenne VHF et je n'avais donc plus d'AIS, ce qui est très important lorsque vous êtes en solitaire. C'est la troisième tempête qui a été la plus impressionnante, les vagues étaient énormes.
A partir de là, et jusqu'à l'arrivée, la bataille s'est engagée avec Edouard. Jusqu'à la fin de cette tempête, je ne savais pas où se trouvaient les autres bateaux. C'est Edouard à la VHF qui m'a dit qu'ils étaient à 30 milles au nord de nous et j'ai compris que nous étions encore dans le coup.
Ce matin, j'étais déçu d'être cinquième, mais le fait d'avoir vu New York m'a rassuré. Je commence ma campagne Transat seulement un mois et demi avant le départ et dans ce laps de temps, j'ai dû me qualifier, réparer le bateau et le livrer à Saint-Malo. Le fait d'être ici et de terminer cinquième est une grande victoire pour moi.3