“« Je ne réalise pas trop encore, même si je sais que je suis en passe de gagner une grande course océanique. Ce fut une transat très rythmée et très complète : on n’a jamais eu le temps de se reposer. » Gilles Lamiré”
14.05.2016
Gilles Lamiré remporte sa première grande course océanique, avec plus de 300 milles d'avance , soit une journée sur Lalou Roucayrol !
Arrivé à New-York ce samedi 14 mai à 16h 50’ 17’’ (soit à 22h 50’ 17’’, heure française), Gilles Lamiré termine victorieux dans sa classe, avec un temps de course officiel de 12 jours 07 heures 51 minutes 17 secondes (pénalité de 31 minutes incluse suite à la rupture d’un plomb de jauge) à la moyenne de 13,85 nœuds ! Le skipper du trimaran Multi50 French Tech Rennes Saint-Malo a parcouru sur l’eau 4 090 milles, un rallongement de la trajectoire lié à une option très Sud dès le départ, puis prolongée sous l’anticyclone des Açores avant de remonter vers New York dans un vent plus capricieux.
En s’imposant à New York, Gilles Lamiré ouvre une voie nouvelle sur ce parcours classiquement effectué contre les vents dominants d’Ouest. Dans le sillage des trimarans Ultime, French Tech Rennes Saint-Malo a suivi une grande courbe vers le Sud pour profiter des alizés et passer sous l’anticyclone des Açores. Une trajectoire qui rallongeait la route de plus de 1 000 milles mais permettait d’éviter les dépressions qui se sont succédées plus au Nord.
Un grand détour espagnol avant les alizés
Comme presque toute la flotte, Gilles Lamiré a foncé plein Sud dès le départ de Plymouth pour ne pas affronter une méchante dépression qui balayait la route la plus courte. Les premiers jours n’étaient donc pas très rentables en termes de rapprochement au but, mais le Multi50 pouvait aligner des journées à plus de 400 milles ! Sur la même voie qu’Erwan Le Roux et Lalou Roucayrol, French Tech Rennes Saint-Malo ferraillait dans une brise portante musclée en approche du cap Finisterre quand le leader, FenêtréA-Cardinal se voyait contraint d’abandonner, flotteur bâbord cassé. Le match tournait alors au duel puisque Pierre Antoine (Olmix) était le seul Multi50 à avoir choisi l’orthodromie (route directe) et que Erik Nigon (Vers un monde sans Sida) ne pouvait tenir le rythme infernal des premiers sur son vieux trimaran.
Et alors qu’il dépassait en vitesse pure Arkema lors d’un grand bord dans les alizés portugais, Gilles Lamiré optait pour la voie méridionale quand Lalou Roucayrol se recadrait vers le Nord en prélude à une mauvaise dépression au large des Açores. Certes, French Tech Rennes Saint-Malo, routé par Yvan Bourgnon se rapprochait moins vite du but, mais il continuait à engranger les milles sur une route Sud-Ouest dans un bon flux portant. Et pendant ce temps, Arkema subissait des vents très forts sur une mer dure, puis s’enferrait dans les calmes suivants.
Descendant jusqu’au 32°Nord (quand la route directe était sur le 45° Nord !), le Malouin devenait leader lors de sa remontée vers New-York au bout de cinq jours et demi de mer. Lalou Roucayrol n’arrivait pas à sortir des griffes de l’anticyclone et quand la brise revenait en sa faveur, Gilles Lamiré avait déjà 250 milles d’avance… Puis Arkema brisa sa dérive, ce qui l’handicapait sensiblement à toutes les allures contre le vent. Le skipper de French Tech Rennes Saint-Malo pouvait dérouler sans stress sa fin de parcours pour traverser une dorsale, puis retrouver les vents dominants de secteur Ouest au large de Terre-Neuve.
Formé sur le tas aux Antilles
A 46 ans, Gilles Lamiré a un parcours aussi atypique que sa trajectoire sur l’Atlantique à l’occasion de sa victoire sur The Transat bakerly en catégorie Multi50. Né à Lamballe, le navigateur devient rapidement marin professionnel après son service militaire sur la goélette paimpolaise Etoile, car il entame une carrière de convoyeur de bateaux et de skipper charter, principalement aux Antilles et en Méditerranée. Il s’inscrit à la Route du Rhum en 2006 sur l’ex-Gitana IX (11ème), puis à l’édition suivante (6ème), avant de racheter en 2012, le Multi50 avec lequel Lionel Lemonchois venait de s’imposer en Guadeloupe.
Ce plan Nigel Irens est au départ de toutes les grandes épreuves océaniques de sa catégorie et Gilles Lamiré enchaîne les bons résultats sur la Route des Princes, la transat Jacques Vabre et la Route du Rhum 2014 où il confirme son aisance au grand large (3ème). Avec Yvan Bourgnon, le Malouin s’engage sur la Transat Jacques Vabre 2015, mais percute un objet flottant entre deux eaux au large du cap Finisterre (moitié de flotteur arraché). Cette victoire sur la plus redoutée des transats en solitaire est donc une consécration pour le solitaire.
Palmarès
*vainqueur de The Transat bakerly 2016 en classe Multi50
*3ème de la Route du Rhum 2014 en classe Multi50
*3ème de la Transat Jacques Vabre 2013 en classe Multi50
*4ème de la Route des Princes 2013 en classe Multi50
*2ème de la transat Québec-Saint Malo en classe Ultime
*6ème de la Route du Rhum 2010 en classe ORMA
*11ème de la Route du Rhum 2006 en classe ORMA