“« Je me sens en meilleur forme que le bateau ! Il va falloir trouver un bon chantier et une bonne voilerie… Et un bon kiné pour moi. J’avais un bon bateau, un peu de réussite et j’ai été bien entouré : je suis super content. »”
20.05.2016
C’est ma première victoire sur une transat en solitaire après ma deuxième place sur la Route du Rhum…
Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton-ARSEP) s’impose sur The Transat bakerly dans la catégorie Class40 après 17 jours 12 heures 42 minutes et 56 secondes de mer à la moyenne de 9,04 nœuds sur les 3 804 milles parcourus entre Plymouth et New York. Le prochain solitaire devrait être Louis Duc attendu vers 14h (heure française)…
"De nuit, c’est franchement impressionnant et tu n’en mènes pas large. J’ai enfourné jusqu’au capot de descente ! J’ai failli me casser le dos quand je suis parti en avant sur les winches."
« La transat anglaise a été fidèle à sa réputation : il fallait voir pour le croire… et j’ai vu ! Ce fut parfois infernal. Autant le début a été sympa parce que ça glissait, ça cavalait, c’étaient des bords faciles, en partant d’Angleterre au reaching pour finir au portant dans le golfe de Gascogne, au contact. Autant la première dépression au large des Açores nous a remis les points sur les « i » ! C’était costaud : j’ai vu 58 nœuds à l’anémomètre… Et je me suis fait un surf à plus de 27 nœuds : je ne sais pas si cela n’aurait pas été mieux contre le vent. Parce qu’à ces vitesses,-là, on ne sait pas trop comment ça peut se terminer ! De nuit, c’est franchement impressionnant et tu n’en mènes pas large. J’ai enfourné jusqu’au capot de descente ! J’ai failli me casser le dos quand je suis parti en avant sur les winches. Et je me suis cassé des dents…
Dans cette première dépression, j’ai perdu ma girouette puis au deuxième coup de tabac en bordure de la zone des glaces, là où Isabelle (Joschke) a dû abandonner, j’ai perdu tous les aériens. Et évidemment, je suis parti en vrac parce que le bateau était sous pilote à ce moment-là… Et donc la grand-voile a déralingué, le foc solent s’est déchiré, le bateau est tombé d’une vague brutalement et une cloison a cassé et deux se sont décollées… Avec le courant du Gulf Stream, il y a parfois une houle et des vagues de dingues ! De véritables canyons. Alors de nuit, sans vraiment de lune et avec une grosse couverture nuageuse, on ferme les yeux avec le stress. Mais si le bateau a souffert, on voit qu’il est sacrément costaud.
Sans girouette, ce n’était pas facile et j’ai beaucoup barré sur les 1 200 milles finaux. Et mon génois s’est déroulé dans un vrac de pilote… La voile s’est déchiquetée. Il y a du boulot avant de monter au Canada pour la transat Québec-Saint Malo !
C’est ma première victoire sur une transat en solitaire après ma deuxième place sur la Route du Rhum. C’est un bateau exceptionnel, mais nous allons devoir nous en séparer à la fin de la saison pour passer sur un autre support. J’ai été très heureux de le mener car je me suis toujours senti en sécurité pour être à l’attaque. J’avais un bon bateau, un peu de réussite et j’ai été bien entouré : je suis super content. Car la victoire, je ne l’ai senti que tardivement. Il y a eu une belle bagarre avec Isabelle (Joschke) pendant toute la phase le long de la zone d’exclusion des glaces. Je me sentais bien vis à vis de Phil (Sharp) mais les soucis techniques te brident. Et cet après-midi, j’avais 70 milles d’avance et tout à coup, je n’ai fait que six milles en deux heures : on se dit qu’il peut se passer plein de choses avant l’arrivée. Et puis Louis (Duc) m’a impressionné : son option Sud était audacieuse et il est malin comme un singe. Il aurait pu gagner ! Un grand coup de chapeau. »