“Et là, on rentre bredouille, tranquillement.”
17.05.2016
Loïck Peyron, Iroshi Kitada et Erik Nigon font le point sur les petits problèmes du moment
Loïck Peyron (Pen Duick II) :
« Ça va mieux, bien sûr. Ça va mieux pour le bateau particulièrement même si nous sommes malheureux d’avoir du faire ce demi-tour, en plein milieu en plus. C’est comme ça mais c’est vrai que c’est un petit peu dommage. C’était sympa jusque là, un peu difficile en fait. Le près, c’est gentil mais avec beaucoup de vent et de la mer, ça n’est pas très drôle. Et là, on rentre bredouille, tranquillement. Il faut ramener le bébé à la maison. C’est le plus important et il a un petit peu souffert. La décision n’a pas été difficile à prendre. C’était assez évident. Mon état d’esprit est bon. Ça m’est déjà arrivé plusieurs fois de faire des retours bredouille, qui ont même duré plus longtemps que ça. La vie continue, il y a toujours plus malheureux. Je prends toujours du plaisir à naviguer. Je pense constamment à Eric (Tabarly) mais aussi à nos pionniers. Les bateaux lents ont le défaut de rester longtemps au même endroit et de recevoir sur le nez des dépressions les unes après les autres. Ce sont des bateaux qui n’avançaient pas jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Ils ont souffert pas mal à cette époque donc je pense beaucoup à eux. »
Erik Nigon (Vers un Monde sans Sida) :
« Ça va mieux. Les deux derniers jours ont été particulièrement compliqués. J’ai perdu l’aérien aux Açores. Ça fait un petit moment. Je ne peux donc pas mettre de pilote automatique au près et on ne fait que du près, dans de la grosse brise comme hier, et dans les courants du Gulf Stream. Je n’avais jamais vu une mer aussi démontée et il fallait faire du près là dedans. Je suis épuisé. Je ne peux pas dormir, il faut que je reste à la barre. C’est vraiment compliqué mais là, depuis ce matin, c’est beaucoup plus praticable. Ça sent l’écurie. »
Iroshi Kitada (Kiho) :
« Aujourd’hui, comme d’habitude, le débutant de 51 ans fait de son mieux. Beaucoup de choses sont arrivées depuis le départ de la course. D’abord, mon solent s’est cassé alors que j’avais déjà fait la moitié du parcours. Le jour suivant, c’était au tour de la trinquette. J’étais très déçu. J’ai réparé la nuit dernière, cela m’a pris six heures mais maintenant, je peux l’utiliser à nouveau. »
Par dessus ça, tous les jours, il faut que je vide mon bateau de 30 à 40 litres d’eau qui rentrent par la trappe de secours. J’ai fait pas mal de réparations et la situation semble s’améliorer. Je parviens à m’en sortir.
L’eau a abimé le pilote principal qui ne fonctionne plus correctement.
Et pour finir, mon ordinateur plante et je dois le redémarrer fréquemment. Le relancer dans un bateau en mouvement est très difficile.
Alors que je suis en train de pomper en pleine course transatlantique, il m’arrive de me demander ce que je fais là. Je fais de mon mieux pour arriver à New York et je vais me battre jusqu’au bout pour y arriver. Je suis un peu découragé. »