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LE BONHEUR DE LAMIRÉ

“« Un pressentiment. J’avais le bateau, j’étais prêt et j’ai vu la coupe du vainqueur des Multi50 : je me suis dit qu’elle serait à moi… »”


15.05.2016


Gilles Lamiré termine victorieux dans la catégorie Multi50, avec un temps de course officiel de 12 jours 07 heures 51 minutes 17 secondes


« C’est incroyable ! Avoir gagné cette course… Depuis le temps que je cours ! Je rêvais de remporter une belle épreuve océanique en solitaire. En 2006, j’avais racheté le trimaran de Jean Maurel, l’ex-Elf Aquitaine et je n’étais pas du tout au point : je n’avais aucune chance de gagner. Puis j’ai acquis l’ancien Multi50 de Lionel Lemonchois et petit à petit, j’ai progressé, j’ai pris la mesure du challenge. Et aujourd’hui, c’est fait ! Je suis très ému, très content. Je savais que j’avais mes chances, mais là, il faut que je réalise.


J’étais prêt. C’est en lisant le livre d’Eric Tabarly sur sa victoire dans la transat anglaise que j’ai décidé de courir au large. Alors gagner cette course, ça a beaucoup de sens pour moi. Dans l’histoire de la course au large, The Transat est l’une des plus grandes épreuves alors inscrire son nom sur le palmarès depuis 1960 ! Au Yacht Club de Plymouth, il y a des tableaux de tous les vainqueurs : j’ai pris en photo cette plaque.


C’est un bateau qui va vite dès qu’il y a du vent, de la mer. J’ai vu en arrivant au cap Finisterre que je reprenais des milles sur Erwan Le Roux et Lalou Roucayrol : j’étais dans le coup. Erwan a abandonné et Lalou est parti au Nord ! Avec Yvan Bourgnon mon routeur, nous avons décidé de plonger vers le Sud : je lui est fait entièrement confiance. Et ça s’est super bien passé dans la dorsale qui nous inquiétait avant d’attraper les alizés. Et j’ai traversé cette dorsale comme une lettre à la poste… Ensuite, il a fallu dérouler : j’avais 250 milles d’avance sur Arkema et je savais qu’il fallait finir pour gagner. Je me suis appliqué !


J’ai eu une surprise quand j’ai vu la crosse du bras de liaison avant bâbord fissurée… Je n’ai jamais enfourné alors que j’ai fait des pointes à 30 nœuds, mais au travers, une vague a dû exploser le carénage. J’ai cru que c’était foutu et puis j’ai pris ma caisse à outils et j’ai fait de la stratification… Je me suis finalement aperçu que la structure n’avais pas été atteinte : c’était juste en surface sur le carénage. J’aime bien la strat ! J’avais un tribord amures de 600 milles à faire. Et ça a tenu, même si sur la fin, ça commençait à respirer.


Ça a été tendu après l’arrivée parce que j’ai cassé un axe de transmission de barre et donc je ne contrôlais plus le bateau : il est parti vers la rive juste après le pont de Verrazano dans un grain et on s’est échoué brièvement et sans trop de dégâts. Une petite frayeur pour finir ! Mais New York pour moi, c’est une sacrée histoire : je rentrais du Mexique avec mes parents quand j’avais cinq ans et mon père nous a offert le retour sur le paquebot France ! J’ai eu ce privilège… Je suis heureux ! »




© « J'ai eu un pressentiment à Plymouth. J’avais le bateau, j’étais prêt et j’ai vu la coupe du vainqueur des Multi50 : je me suis dit qu’elle serait à moi… »


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