“« Une vraie transat, une vraie course d’hommes, comme on dit ! (...) Cette course m’a redonné l’envie du large, le plaisir de naviguer : arriver ici à New York, c’est génial, c’est le rêve américain… » Jean-Pierre Dick”
15.05.2016
Sept solitaires à bon port, onze autres dans la tourmente d’un océan Atlantique peu conciliant à rebrousse vents et courants
De François Gabart (Macif), auteur d’une course exemplaire ; à Jean-Pierre Dick (St Michel Virbac) qui renoue avec l’engagement du solitaire ; en passant par Gilles Lamiré (French Tech Rennes Saint-Malo) qui signe une première victoire au grand large : les sept concurrents, arrivés à bon port à New York, se félicitent tous d’être venus à bout de The Transat bakerly. La satisfaction est là d’inscrire leur nom au palmarès de cette prestigieuse traversée de l’Atlantique Nord qui a couronné les plus grands. Sur la ligne mouillée au large des buildings de Manhattan, le soulagement l’emporte aussi de pouvoir enfin affaler les voiles et poser les armes. Après 13 jours de mer d’un rare niveau d’exigence, le face-à-face avec l’océan se poursuit de plus belle pour onze concurrents répartis en trois classes dans des conditions éprouvantes pour les hommes et les bateaux. Et l’impatience d’en finir est de plus un plus palpable aux quatre coins de la flotte, qui s’étale ce dimanche sur les 1100 milles séparant Lalou Roucayrol (Arkema) du Japonais Hiroshi Kitada (Kiho).
Bientôt l’arrivée de toutes les premières pour Paul Meilhat : les États-Unis et une transat en solitaire !
Rallier Big Apple constituera un tour de force pour le skipper d’Arkema, privé de dérive depuis qu’il a doublé la longitude de la pointe Sud de la zone d’exclusions des glaces. À bord du multicoque de 50 pieds, diminué pour tracer sa route face aux vents contraires majoritaires, l’Aquitain ne cache pas son impatience d’arriver et les appréhensions qui l’accompagnent à l’idée d’en découdre encore, le temps de derniers 200 milles qui menacent de se prolonger. « C’est pénible et laborieux et la progression n’est pas facile, vu que, sans dérive, je n’accroche pas du tout. Il y a du vent qui arrive aussi - 30 nœuds et plus - j’appréhende un peu, je ne sais pas comment le bateau va se comporter dans ces conditions là », confie-t-il.
Pour Paul Meilhat (SMA), c’est un peu la même histoire à la barre de son IMOCA, même si cette fin de course au gré de calmes et de orages lui apporte surtout la promesse de terminer sa toute première transat et, à la clé, sa qualification pour le prochain Vendée Globe. Qu’importe donc si le final traîne un peu en longueur, la concentration de rigueur pour tracer les derniers milles au milieu d’un trafic maritime intense cohabite bien avec l’excitation de rallier Big Apple. Le jeune skipper, attendu en 4eme position, clôturera le bal des arrivées en IMOCA. Rappelons que le Britannique Richard Tolkien (44), blessé au visage lors d’une manœuvre sur sa plage avant, a été secouru par un cargo dans la nuit de vendredi à samedi. Ce bateau fait route vers Philadelphie où il est attendu le 18 mai.
Les premiers Class40 attendus à partir de jeudi sur la ligne de la délivrance
Ce dimanche, la Transat Anglaise se corse surtout pour la flotte des Class40, mise à rude épreuve dans sa remontée à rebrousse vents et courants vers New York. Les premiers sont attendus sur la ligne de la délivrance à partir de jeudi, car il leur reste plus de 700 milles à courir dans des brises soutenues. En tête, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaire en peloton-ARSEP) plante le décor : « Les conditions sont difficiles et surtout on commence à être vraiment fatigué : le bonhomme, le bateau. Et là, on a encore 25 à 30 nœuds au près. Ce n’est pas ce dont on rêve pour une fin de parcours ! Mais bon, on s’accroche et puis il y a une belle carotte, une belle bagarre avec Phil (Sharp), on joue la gagne. En ce moment, c’est penché, c’est humide, ce n’est pas la partie la plus fun du boulot ! »
Pour autant, ces deux duettistes de tête qui ne se lâchent pas d’une semelle depuis le passage de le première dépression açorienne, ne doivent pas perdre de vue la progression de Louis Duc (Carac). Le Normand persiste et signe sur son option « Sud », il affiche ce dimanche un décalage latéral de 120 milles environ. Dans ces quartiers océaniques, il pourrait surtout bénéficier de conditions légèrement plus clémentes. Alors qu’il concède 70 milles sur la tête de flotte, tous les espoirs sont encore permis pour ce dissident, pointé en 3ème position, qui a toujours assumé une option aussi audacieuse que réfléchie. Affaire à suivre…