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L’ANALYSE DE LOUIS DUC

“« Finalement, j’ai eu à peu près le même écart à l’arrivée que celui au moment où j’ai pris ma décision de partir dans le Sud : ce n’était donc pas une erreur ! »”


21.05.2016


Arrivé deuxième des Class40 vendredi en milieu d’après-midi, Louis Duc s’est démarqué de la flotte dès les Açores par la voie Sud…


« Au départ de Plymouth, on pensait qu’on allait se faire branler en permanence dans les dépressions… Et on a commencé par faire du Sud ! Une transat anglaise qui passe par le Fromveur et le golfe de Gascogne : un truc de fou. Et puis tout a commencé à se remettre dans l’ordre avec une première dépression que nous avons pu contourner par le Nord : j’ai alors décidé de couper un peu la route. C’était quand même assez costaud parce qu’on voyait sur les champs de vent, des barbules à plus de 50 nœuds ! J’ai probablement été le plus exposé en rasant le centre de la dépression, mais je m’en suis bien tiré… C’était plaisant sous trois ris et trinquette réduite : le bateau était à quinze nœuds de moyenne pendant trois ou quatre heures ! J’ai vraiment pris mon pied parce que l’état de la mer est resté correct.


A la sortie, nous n’étions plus que quatre bateaux en tête, mais je savais que j’avais un petit déficit de vitesse par rapport au trio à cause de l’âge de ma monture : j’ai cherché une solution pour faire un peu autrement. J’ai vu une « porte » s’ouvrir dans le Sud avec une météo beaucoup plus fiable. La prise de risque était limitée alors qu’au Nord, on pouvait se retrouver dans une grosse molle… Finalement, j’ai eu à peu près le même écart à l’arrivée que celui au moment où j’ai pris ma décision : ce n’était donc pas une erreur. Mais cela m’a décalé dans le Sud, ce qui m’a permis d’avoir d’autres opportunités.


« Onze heures d’écart à l’arrivée, c’est beaucoup ! Mais j’ai fait très attention à préserver le matériel, en particulier mes voiles. Je suis parti deux fois à 90° de la route pour ne pas subir un coup de vent… »


Mais j’ai surtout réfléchi par rapport au Gulf Stream parce que j’avais déjà participé à The Transat il y a huit ans et on l’avait subi. Malheureusement, les cartes dont nous disposions n’étaient pas assez précises et j’ai poussé plus de courant que prévu… Mais naviguer avec de l’eau de mer à 23° quand on est par 40° Nord, c’est inhabituel ! En revanche, l’état de la mer était dur : j’ai eu l’impression de passer le raz Blanchard pendant mille milles… Le bateau a souffert, il a tapé énormément.


C’est beaucoup onze heures ! Derrière Thibaut Vauchel-Camus. Mais à la fois, je suis super content d’arriver à New York parce que ce n’est le cas de tous les coureurs, car ça a été une transat anglaise très éprouvante pour les bateaux, et aussi parce que j’ai « sauvé » ma Route du Rhum où j’avais dû abandonner, et en même temps prendre autant de temps à l’arrivée, cela donne un petit goût amer. Je vais être obligé de revenir pour me battre pour la victoire !


J’ai fait très attention à préserver le matériel, en particulier mes voiles : je n’ai pas d’enrouleur sur mon foc solent, ce qui m’a permis de l’enlever et de le ranger à l’intérieur. Mais dans les derniers jours, j’ai abîmé ma trinquette. Et puis je n’ai pas subi la dépression au Nord qui a coûté cher à Phil Sharp : j’ai choisi de partir à 90° pendant dix heures de la route pour ne pas avoir de problèmes techniques. J’ai perdu du terrain, mais j’ai préservé ma deuxième place. »

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