“« En ce moment, c’est penché, c’est humide, ce n’est pas la partie la plus fun du boulot ! Mais on sait pourquoi on est là ! On s’accroche et puis il y a une belle carotte, une belle bagarre avec Phil (Sharp), on joue la gagne ! » Thibaut Vauchel-Camus”
15.05.2016
Dur, dur ce dimanche ! Entre la météo et les soucis techniques, aucun skipper ne doit ménager sa peine pour se rapprocher de l'arrivée
Lalou Roucayrol (Multi50-Arkema) : « C’est pénible et la progression n’est pas facile, vu que, sans dérive, je n’accroche pas du tout. C’est assez laborieux, on va dire. Il y a du vent qui arrive aussi - 30 nœuds et plus - j’appréhende un peu, je ne sais pas comment le bateau va se comporter dans ces conditions là. Il me reste 200 milles au compteur et je ne sais pas trop quand je vais réussir à arriver : dans le meilleur des cas demain dans la journée, ou dans la nuit de lundi à mardi.Là, cela commence à vraiment tirer sur le bonhomme, au niveau de l’énergie qu’il faut déployer. Heureusement, cette nuit, à 90° du vent, à un allure où la dérive est moins importante, j’ai pu bien me reposer. Je suis proche du DST Newport, il y a énormément de pêcheurs, de bouées et tout un tas de trucs… Il faudra aussi déjouer ces pièges là pour arriver à franchir la ligne à New York. »
"Cela va être ma premières fois aux États-Unis. D’arriver par la mer, et au petit matin, c’est plutôt sympa ! Ce sera un beau spectacle."
Paul Meilhat (IMOCA-SMA) : « Ce final dure un peu plus longtemps que prévu. Le vent est très capricieux. Les modèles ne sont pas du tout en accord avec la réalité : soit il y a très, très peu de vent, soit des orages comme celui que j’ai pris cette nuit, à 45 nœuds. Entre les petits airs et les grains, cela génère beaucoup de manœuvres, et cela n’avance pas très vite. Mais, le vent doit revenir : ce sera un plus simple, mais aussi un peu plus sport avec 30 nœuds au près en approche de New York.Sur ce genre de transat, où on ramasse pas mal de vent et de mer, on passe plus de temps sous la casquette, je profite des conditions un peu plus calmes pour passer du temps dehors. Je reste aussi bien concentré, il y a quand même beaucoup de trafic et je ne connais pas du tout cette zone. Cela va être ma premières fois aux États-Unis. D’arriver par la mer, et au petit matin, c’est plutôt sympa ! Ce sera un beau spectacle.
L’objectif principal de cette course, c’était de finir, d’amener le bateau et le bonhomme de l’autre côté et de se qualifier pour le Vendée Globe. C’est plutôt positif. Le petit regret, c’est d’avoir laissé filer, à un moment, les trois autres bateaux qui étaient un peu devant. Je me suis retrouvé un peu tout seul pendant la course, mais ça m’a permis de bien travailler, de faire avancer le bateau comme il fallait, dans ses bonnes vitesses. Je suis assez content de tout cela, le bateau n’est pas abîmé, le matériel est en bon état. C’est une bonne expérience. Cela reste dur de traverser l’Atlantique au près, la course sera compliquée jusqu’au bout. »
Vrac, blackout... On continue !
Thibaut Vauchel-Camus (Class40-Solidaires en peloton-ARSEP) : « Les conditions sont difficiles et surtout on commence à être vraiment fatigué : le bonhomme, le bateau. Et là, on a encore 25 à 30 nœuds au près. Ce n’est pas ce dont on rêve pour une fin de parcours ! Mais bon, on s’accroche et puis il y a une belle carotte, une belle bagarre avec Phil (Sharp), on joue la gagne. Même si je plaisante, aujourd’hui, je serais presque prêt à troquer trois Route du Rhum à suivre contre une Transat Anglaise ! C’est usant et on a quand même moins de plaisir qu’au portant au soleil dans les surfs ! En ce moment, c’est penché, c’est humide, ce n’est pas la partie la plus fun du boulot ! Mais on sait pourquoi on est là !
J’ai une têtière qui commence à se déralinguer, et cette nuit, dans un nouveau vrac – je n’ai plus d’aérien, plus de girouette, plus d’anémomètre – j’ai eu un blackout de centrale et cela ne m’a pas aidé à préserver la voile. Mais bon, y’a pire, on continue ! »