“« Je ne me suis pas intéressé aux choix des autres compétiteurs car mon objectif était d'amener le bateau à NY en le menant à ses et mes limites. » Erik Nigon”
19.05.2016
Le premier Class40 est attendu dans la nuit américaine, soit à l’aube en France : Thibaut Vauchel-Camus semble assuré de la victoire !
Lassitude, fatigue, déception, mais aussi courage, détermination, assiduité. Le mélange de ces sentiments contradictoires se ressent des contacts avec les solitaires encore en mer. Car il sont sept en Class40 en route vers New York, certains avec les buildings presque à l’horizon et d’autres avec le Gulf Stream contraire à plus de 700 milles du but, quand Loïck Peyron doit encore naviguer plus de 1 000 milles avant d’apercevoir les côtes bretonnes… Car si The Transat bakerly a été plutôt coopérative pour les premiers arrivés en trimaran Ultime ou en monocoques IMOCA, les Multi50 (à l’exception du vainqueur Gilles Lamiré) et surtout les Class40 ont franchement reçu tous les coups que l’Atlantique peut porter au mois de mai.
« J’ai beaucoup appris. J’ai surtout compris que j’avais des limites physiques, les limites d’un homme de 51 ans. Et quand je pense à mon mode de vie futur, je crois que cette expérience y ajoutera beaucoup… » Hiroshi Kitada
Car depuis les Açores, les dépressions se succèdent, particulièrement sur la route directe (orthodromie) qu’ont empruntée presque tous les solitaires encore en mer. Quatre pour les premiers, six pour le dernier car deux nouvelles perturbations se forment au large de New York ces prochains jours ! Le Japonais Hiroshi Kitada (Kiho) a été sérieusement ébranlé par une suite de problèmes techniques (voile déchirée, fuite d’eau…). Et le solitaire en a encore pour une semaine de mer avec ce jeudi, une mer particulièrement hachée par un vent d’Est soutenu contre le courant du Gulf Stream !
En revanche pour Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton-ARSEP), la ligne d’arrivée se rapproche à grands pas et les galères d’antan ont déjà été presque effacées : il devrait en finir en début de nuit à New York avec une bonne marge de manœuvre sur son poursuivant, Louis Duc (Carac). Car celui-ci avait été un moment fort inquiétant par son final Sud, un choix décidé juste après les Açores. Et l’option a bien failli porter ses fruits si ce n’est que le skipper a dû mettre du Nord dans sa route et finalement, se caler dans l’axe du leader… Il devrait concéder une dizaine d’heures à l’arrivée.
« Le challenge c’était tout de même d’arriver avant Vers un monde sans Sida ! Et ça a été chaud jusqu’au bout avec les deux routes les plus extrêmes. La route Nord que j’ai emprunté est plus courte, mais plus complexe du point de vue météo. Mais c’était une traversée riche et intéressante. » Pierre Antoine
Quant à Phil Sharp (Imerys), et malgré sa grand-voile déchirée, il se maintient en troisième position pour un final vendredi dans la nuit sans trop de risque d’être inquiété puisque Edouard Golbery (Région Normandie) et Robin Marais (Esprit Scout) sont encore à plus de 450 milles de New York ! Ces deux marins devraient livrer bataille jusqu’à l’arrivée car s’ils sont décalés en latitude d’une soixantaine de milles, ils sont quasiment à égale distance de l’arrivée… Et attention à l’Allemande Anna-Maria Renken (Nivea) qui, par sa position plus Sud encore pourrait revenir très fort ces prochains jours !
Mais cette journée a aussi été marquée par le finish entre le Nordiste Pierre Antoine (Olmix) et le Sudiste Erik Nigon (Vers un monde sans Sida). 36 heures avant d’apercevoir Long Island, les deux skippers de Multi50 étaient quasiment ensemble et seulement quatre heures départagent les deux solitaires qui ont eu jusqu’à 800 milles d’écart latéral ! Et quand le vainqueur a parcouru 3 720 milles, son dauphin en a cumulé 4 550… Incroyable final pour des trajectoires aussi différentes et des conditions météorologiques totalement opposées, du moins jusqu’à la longitude de la Nouvelle-Écosse. Pierre Antoine monte ainsi sur la troisième marche du podium, aux côtés du vainqueur Gilles Lamiré (French Tech Rennes Saint-Malo) et de son dauphin Lalou Roucayrol (Arkema).
Quant à Loïck Peyron (Pen Duick II) qui a dû faire demi tour au regard de l’accumulation de problèmes techniques et de fuites d’eau, il devrait rejoindre la presqu’île de Quiberon mercredi prochain avec des conditions météo plus paisibles qu’hier mercredi où le vent de Sud-Ouest soufflait à plus de trente nœuds… Sur une mer assagie et un grand soleil, le Baulois devrait profiter d’une brise portante modérée nettement plus agréable tout le week-end.