“« Le scénario pour les jours qui viennent, c’est un long bord tribord amure avec une petite bulle anticyclonique. On ne sait pas encore si on va passer à l’Est, à l’Ouest, ou au milieu. Ce sera le dernier juge de paix de cette transat. » Vincent Riou”
11.05.2016
Désormais sur la même latitude que New-York, le trio leader des IMOCA doit faire route plein Ouest… mais face au courant du Gulf Stream !
Pas de surprise à attendre comme en Class40, du moins pour la journée de jeudi à venir : les monocoques IMOCA suivent leur bonhomme de chemin, le Britannique Richard Tolkien (44) fermant toujours la marche à 700 milles du leader… qui n’a plus que 700 milles à parcourir ! Quant à Paul Meilhat (SMA), le détour septentrional n’a plus beaucoup de chance de porter ses fruits : le jeune skipper devrait se recadrer derrière le trio de tête, sur la même latitude, car arriver par le Sud au vu des conditions météo à venir apparaît un coup de dé ! Certes l’ex-Figariste bénéficie d’une bonne veine de vent d’Ouest 25 nœuds, mais la bascule au Nord-Ouest est imminente jeudi matin. Et en sus, le Gulf Stream est nettement plus sensible dans cette zone que dans celle où naviguent les trois leaders : jusqu’à trois nœuds de courant contraire…
« Je vais avoir des virements à faire avant un long bord vers New-York. Le vent devrait se renforcer ce mercredi soir avant une grosse accalmie en fin de journée jeudi. Il va falloir bien négocier ce moment délicat qui devrait-être le dernier gros piège avant l’arrivée prévue dans la nuit de vendredi à samedi ». Armel Le Cléac’h
Le ralentissement de la journée de mercredi touche donc à sa fin : Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) va être le premier à toucher le flux de Nord-Ouest 20-25 nœuds lié à une zone dépressionnaire en cours de formation dans le Sud de Terre-Neuve. La nuit canadienne va donc être rapide et « facile », une bonne occasion de recharger les batteries car la suite est plus complexe ! Une grosse bulle sans vent va se glisser entre la Nouvelle Écosse et Nantucket, une dorsale gluante qui va s’installer jusqu’à vendredi en gonflant, et vers l’Est, et vers l’Ouest…
Logiquement, le leader va perdre des milles jeudi mais il sera normalement le premier à sortir du piège puisque ses deux poursuivants sont alignés sur la même trajectoire. Et ce n’est pas le léger décalage méridional de Vincent Riou (PRB) qui pourrait changer la donne. Quant à Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac), plus de 150 milles d’écart ne permettent pas de contourner l’obstacle. La compression ne devrait donc être que passagère et ne pas interférer sur la hiérarchie. Il restera alors une centaine de milles dans un flux de Sud-Sud Est dynamique avant un final plus mou dans des vents contraires. Avec une arrivée prévue à New-York samedi…
« C’est vraiment décevant parce qu’on commençait à toucher les bénéfices d’être parti dans le Nord : il y avait deux-trois voies qui commençaient à s’ouvrir, assez intéressantes pour nous… » Lalou Roucayrol
Chez les Multi50, Gilles Lamiré (French Tech Rennes-Saint Malo) ne semble plus en mesure d’être inquiété jusqu’à New-York depuis que Lalou Roucayrol (Arkema) a cassé sa dérive ce mercredi : sans cet appendice, naviguer contre le vent ne devient pas une sinécure. Le Malouin a donc un boulevard puisque Erik Nigon (Vers un monde sans Sida) est relégué à plus de 600 milles avec plein de petits soucis matériels à résoudre, et Pierre Antoine (Olmix) tricote encore du côté de la zone des glaces… Pour autant, c’est contre le vent et contre le courant du Gulf Stream que le leader va devoir se battre encore deux bonnes journées !