LA PREMIÈRE NUIT. Une poignée d’heures après un départ majestueux et rapide au large de Lorient, les skippers ont appuyé sur l’accélérateur. Tous mettent désormais le cap vers l’Irlande avec un premier passage de front ce lundi matin et des rafales attendues à 40 nœuds. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Nicolas d’Estais (Café Joyeux) mènent les flottes, très compactes, respectivement en IMOCA et en Class40.
C’est le grand retour des « accrocs de la carto » ! Il va donc falloir se réhabituer, entre le réveil, le petit-déjeuner et le brossage de dents, à trouver quelques minutes pour ouvrir la cartographie, faire le point sur les positions, sur les conditions et se rappeler qu’à terre, le quotidien ne peut jamais être aussi tumultueux qu’en mer. Hier, après huit années d’absence, The Transat CIC a donc connu un nouveau départ et il a été splendide et spectaculaire avec cette impression de facilité qui se dégageait de la flotte.
« C’est parti sur les chapeaux de roues ! » (Charlie Dalin)
Peut-être que le fait d’évoluer « à domicile » pour la plupart des marins a joué. « Dans la baie de Concarneau, on avait l’impression de faire un entraînement à la journée, j’avais du mal à croire que c’était le départ de The Transat, s’amuse Nicolas d’Estais (Café Joyeux). « C’était un départ très chouette, très agréable, une super entrée en matière », explique Isabelle Joschke (MACSF) qui « a essayé de se faire plaisir autant que possible ».
« Ça a dû faire de belles images autour de l’île de Groix », souligne Amélie Grassi (La Boulangère Bio) qui évoque elle aussi « de premières heures de course très sympas ». « Le fait de faire le tour de l’île de Groix par l’Est a permis d’avoir des bateaux alignés dès les premiers milles et de favoriser la sécurité, précise Francis Le Goff, le directeur de course. Et ça a permis à tout le monde de partir au taquet et de montrer ses muscles ! »
Parmi les plus heureux, il y avait Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), éloigné des courses pour raisons médicales à l’automne dernier. « J’attendais ça depuis longtemps ! J’ai pris beaucoup de plaisir, c’est top de commencer avec du vent medium, du soleil, des pointes à plus de 20 nœuds… C’est parti sur les chapeaux de roues ! » Malgré une petite frayeur – « on a eu un coup de chaud, on était au coude-à-coude avec Jérémie (Beyou) quand on a eu un petit bateau de pêche devant nous » - MACIF Santé Prévoyance a pris les commandes de la course, suivi de près par Charal dans une flotte particulièrement regroupée.
« Du jeu et de l’intensité dès le départ »
Si la plupart ont opté pour contourner l’archipel des Glénan par le Nord, quatre ont privilégié une option plus Sud. C’est le cas d’Isabelle Joschke (MACSF) : « je ne voulais pas courir de risque à me rapprocher des cailloux. J’ai préféré perdre un petit peu pour assurer le coup ». « La trajectoire au fond de la baie de Concarneau était plus engagée. Elle obligeait à slalomer dans les cailloux et de traverser une zone de molle », précise Yann Eliès à la direction de course. « Ça montre qu’il y a du jeu et de l’intensité dès le départ », abonde Francis Le Goff.
Dans la soirée, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère-Armor Lux) a regagné son port d’attache à Port-La-Forêt « pour des raisons personnelles » avait-il expliqué dans un communiqué vendredi. De son côté, Arnaud Boissière (La Mie Caline) fait route vers les Sables-d’Olonne où l'attend son équipe technique. Il a signalé à la direction de course avoir un problème sur son système de foil bâbord en début de nuit.
Du vent fort attendu dans la journée
Désormais, tous font route vers le nord-ouest. Chez les IMOCA, derrière Charlie Dalin, ils sont 13 à « se tenir » en l’espace de 30 milles. Le leader déroule le programme pour la suite : « on est en train de faire route vers un front assez puissant. Ça risque d’aller vite et de pas mal secouer ce lundi ! » « On va se retrouver dans du vent fort, voire très fort », abonde Isabelle Joschke. « Ça va bombarder, assure Yann Eliès. Il y a des rafales de 40 nœuds à l’avant du front et ils sont concernés dès ce début de matinée.
Chez les Class40 aussi, le programme est relativement identique même s’ils y seront confrontés en fin de matinée avec des conditions identiques. « On se dirige vers une zone de front froid avec pas mal de vent, décrypte Amélie Grassi. En fin de journée, on va pouvoir envoyer des voiles et continuer à monter vers l’Irlande ».
« La difficulté ensuite, ce sera de négocier le contournement d’une dépression qui se situera dans le Sud-Ouest de l’Irlande avec des développements secondaires qui complexifient les choix stratégiques », souligne Yann Eliès. Peut-être que certaines routes intermédiaires, plus Sud et moins risquées, pourraient être envisagées. La flotte est également très compacte chez les Class40 avec 10 milles d’écart entre les dix premiers, une trentaine avec les 13 concurrents. Nicolas d’Estais conclut : « on sait tous que le plus dur est à venir ! »