Une bataille de chaque instant, toujours aussi tendue, toujours aussi indécise, toujours aussi riche en suspense. Alors que les skippers vont dépasser aujourd’hui les 7 jours en mer, impossible de prédire le scénario final. Yoann Richomme domine chez les IMOCA mais la complexité des conditions laisse le jeu très ouvert et bouscule la hiérarchie chez les outsiders, Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) ayant pris la 2e place à Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance). Côté Class40, Ambrogio Beccaria (Alla Grande - Pirelli) a creusé l’écart en tant que leader alors que le vent reste très soutenu.
Un week-end au cœur de l’Atlantique, en course, n’a rien du farniente et du repos désiré après une semaine de pur labeur. Il n’y a pas de répit, pas de pause et pas de possibilité de réellement se reposer. En plus de la course, les concurrents doivent faire face à des températures qui ont fortement chuté. « Il fait super froid, l’eau doit être à 2° et l’air pas beaucoup plus », confiait le leader Yoann Richomme hier après-midi. « On est passé de 15°C à moins de 5°C en un jour », précise Maxime Sorel. Particulièrement rapide vendredi, le skipper de V and B – Monbana – Mayenne (5e), fait partie des outsiders derrière le marin de PAPREC ARKEA. « On a retrouvé une mer dérangée, assez chaotique et il faut se battre pour que le bateau ne plante pas ». ‘Max’ parle de conditions « très instables », la faute aux courants du Gulf Stream qui tourbillonnent et le vent qui fait des siennes.
Boris Herrmann nouveau dauphin
La situation a légèrement évolué dans cette nuit de samedi à dimanche. Yoann Richomme (PAPREC ARKEA) compte toujours autour de 70 milles d’avance sur ses rivaux. Sauf que le match des poursuivants a évolué : Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), longtemps 2e, a cédé sa place à Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer) légèrement plus Sud et pointe sous la menace de Sam Davies (Initiatives Cœur). Les écarts restent néanmoins infimes puisque l’Allemand n’avait ce dimanche matin à 7 heures qu’une quinzaine de nœuds d’avance sur le Normand et une vingtaine sur la Franco-britannique.
Derrière, Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne), plus Sud que ses adversaires directs, est sous la menace de Yannick Bestaven (Maître Coq V, 6e) dans son Nord et d’un trio Louis Burton (Bureau Vallée, 7e), Damien Seguin (Groupe APICIL, 8e) et Justine Mettraux (Teamwork-Team SNEF, 9e) qui ne lâche rien. Justine parlait d’une « nuit pas facile hier » : « j’ai essayé de bien me reposer mais les conditions sont tellement instables que c’est compliqué de dormir. Je me prépare à nouveau à aller chercher de grosses conditions ». Et la navigatrice d’ajouter : « on a vu certains s’échapper, on va tout faire pour revenir sur eux ! »
La flotte des IMOCA s’étale désormais sur plus de 800 milles. On note la belle progression de Tanguy Le Turquais (Lazare), actuellement 12e et pour l’instant premier bateau à dérives droites à près de 130 milles de Guirec Soudée (Freelance.com,16e). Et là aussi, ça secoue. « Il y a beaucoup d’instabilité en matière de vent, entre 20 et 35 nœuds, confiait Guirec hier. Je sens que parfois, je suis à la limite même si j’essaie d’avoir un coup d’avance. Ce sont de vraies conditions comme le grand Sud ! » « La météo est étrange sur la force et les angles de vent. Il y a pas mal de roulage et de déroulage de voiles et très peu de sommeil », résume de son côté Alan Roura (Hublot, 11e). Malgré tout, le Suisse tient bon, bataille pour les places d’honneur et garde le sourire même s’il confie « ne pas réussir à se faire du café tellement ça bouge ».
Beccaria creuse l’écart
Chez les Class40, lancés au portant au Nord d’une dépression, rien n’est facile non plus. En tête de course, Ambrogio Beccaria (Alla Grande - Pirelli) confirme et a allongé la foulée. Hier après-midi, il se voulait prudent : « il y a plein de choses qui vont se passer dans les cinq prochains jours. On a presque un phénomène météo par jour ! » Il compte désormais plus de 50 milles d’avance sur Ian Lipinski (Crédit Mutuel) et plus de 70 milles sur Fabien Delahaye (LEGALLAIS).
Là aussi, c’est toute la flotte qui bataille. Derrière la tête de course, tous s’accrochent. À plus de 200 milles des leaders, Vincent Riou (Pierreval – Fondation GoodPlanet) et Amélie Grassi (La Boulangère Bio) progressent plus au Nord. L’aîné raconte : « il y a beaucoup de mer, du gris, de la pluie et les configurations de voilure sont un peu bizarres… c’est difficile d’avancer comme ça, on sait qu’il va falloir s’accrocher ». « Le vent s’est renforcé toute la journée et toute la nuit, confie de son côté Amélie Grassi (La Boulangère Bio). Ce sont des conditions que je n’ai jamais eu à affronter avec ce bateau » Une nouvelle illustration que la bataille n’en finit plus de redoubler d’intensité.