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Des galères en pagaille et une journée difficile en perspective

DEUXIÈME NUIT. Ils sont déjà trois à avoir renoncé (Jean Le Cam, Sébastien Marsset et Arnaud Boissières) et deux à faire demi-tour, dont un des grands favoris (Jérémie Beyou). Dans le même temps, les Class40 tentent de s’extirper du centre dépressionnaire quand les IMOCA, qui ont mis le clignotant vers l'Ouest, s’apprêtent à traverser une nouvelle dépression. Fabien Delahaye (LEGALLAIS, Class40), Paul Meilhat (Biotherm, IMOCA) et Patrick Isoard (Uship pour Enfants du Mekong, Vintage) sont les leaders ce mardi matin.



Sur les pontons d’avant course, il y a toujours des expressions qui reviennent, toujours la même rengaine. On nous parle « des aléas » parce que « c’est un sport mécanique », parce qu’il y a « ce qu’on ne peut pas prévoir ». Pas facile de saisir à quel point l’incertitude est plus forte – et sans doute plus glorieuse – en mer plutôt qu’ailleurs. Pourtant, les scénarios de chaque course nous le rappellent avec force et véhémence. L’aléa frappe sans distinction. Il oblige un skipper qui compte 5 Vendée Globe à s’arrêter après une nuit (Arnaud Boissières, La Mie Câline). Il force, pour « raison médicale » un mec à la farouche volonté de renoncer à son tour (Sébastien Marsset, Foussier).

 

« Ne pas tout imputer à la météo »

 

Un peu plus tard, après un premier passage de front, c’est un des leaders qui voit ses ambitions plus que compromises. Jérémie Beyou (CHARAL) a constaté une avarie de l’étais de son J2 et ça change tout. Un des favoris désignés ne pourra donc pas jouer le rush final jusqu’à New York. Un peu plus tard, on a appris que Quentin Le Nabour (Bleu Blanc Planète Location) avait lui aussi des difficultés. « Mon bout-dehors a explosé », a-t-il expliqué avec un brin de fatalité avant de mettre le cap vers la Bretagne.

 

« C’est un bateau tout neuf qui est à peine testé », rappelle Miranda Merron de la direction de course. « Il y a eu des rafales de 30 à 35 nœuds, la mer était courte et ça tapait certes mais on ne peut pas imputer l’ensemble des problèmes rencontrés à la météo, précise Francis Le Goff, directeur de course. Il ne faut pas oublier qu’on est très tôt dans la saison, que les équipes n’ont pu faire que quelques navigations depuis la sortie de chantier ».


 

Une nuit (très) studieuse

 

Suivre les déboires de la flotte fait presque oublier qu’elle progresse malgré tout. Les IMOCA ont dépassé un premier front avec du vent fort dans la matinée hier, les Class40 un peu plus tard. Ensuite, l’allure a un peu faibli, ce qui n’a pas empêché une majorité d’IMOCA de dépasser le Fastnet. Si Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) imprime toujours le tempo, on remarque des routes différentes. À son Nord, ils sont trois, dont Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Dans son Sud, il y a d’autres outsiders, dont Paul Meilhat (Biotherm) – en tête ce matin - et Nicolas Lunven. « Je suis très content parce qu’il y a beaucoup de jeu », s’amuse Paul, qui reconnaît « ne pas avoir beaucoup dormi ». « J’avais décidé de me positionner à l’Ouest pour approcher le petit centre dépressionnaire à contourner », précise le skipper d’Holcim-PRB. Ce centre dépressionnaire a impliqué un peu de pétole en passant à proximité de son centre, ralentissant la tête de la flotte, qui progressait à moins de 10 nœuds.

 

« À l’Ouest, il y avait beaucoup de mer et de vent, précise Miranda. Mais la pétole n’est pas reposante pour autant : tout le monde a énormément manœuvré pendant la nuit pour se positionner au mieux ».  En latéral, près de 60 milles séparent les tenants de l’option Sud de ceux placés plus à l’Ouest. « Ce sont quelques degrés de différence qui peuvent permettre de petites variations de vitesse intéressantes, précise Francis Le Goff.

 

La guerre des nerfs ne fait que commencer

 

La suite s’annonce sacrément sportive. « Un vent de secteur Nord, Nord-Ouest va rentrer et il sera très soutenu, jusqu’à 35 à 40 nœuds, souligne Nicolas Lunven. Ça va être tonique toute la journée ce mardi ». « Ils sont dans la traîne d’une dépression avec des grains, beaucoup d’instabilité, ça va avancer très fort », précise Miranda Merron. Et ça risque de durer : « ce sont les 24 prochaines heures qui seront dures. La dépression se déplace vite vers l’Est avec des grains, beaucoup d’instabilité… Après une nuit à manœuvrer dans le petit temps, tous se préparent à une journée très dure, d’autant que les compteurs vont s’affoler ».  

 

Côté Class40 aussi, la journée de lundi a été particulièrement studieuse. Eux aussi ont passé le front puis passer au Sud du Fastnet. La flotte est toujours resserrée mais un peu moins que la veille : ils sont huit à se tenir en 20 milles, 6 en moins de 10 milles. Un trio Fabien Delahaye (LEGALLAIS Team Voile), Ian Lipinski (Crédit Mutuel) et Nicolas d'Estais (Café Joyeux) mènent pour l'instant les débats. « La première nuit, le vent est monté à 35, 37 nœuds, c’était humide et froid mais ça s’est bien passé », confie Ian Lipinski. « C’était une première journée compliquée », précise Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli) qui parle de « manœuvres qui s’enchaînent et de fatigue qui s’accumule ».

 

« La journée a été délicate avec le passage du front, toutes les manœuvres à faire, les changements de voile et la dépression à venir », abonde son compatriote, Alberto Bona (IBSA). « Ils ont aussi eu une nuit compliquée, précise Miranda Merron. La dépression s’est déplacée vers l’Est et ils sont dans le centre très étendu de cette dépression (donc privés de vent NDRL). Ceux qui sont le plus Nord de la flotte, dont les leaders, arrivent à s’en extirper progressivement et Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli), placé plus au Sud, gagne en vitesse aussi ». La guerre des nerfs ne fait que commencer. Vigilance et sang-froid seront donc nécessaires avec la volonté, toujours, de résister à ces satanées aléas.

 

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