J-1. À la veille du départ qui aura lieu ce dimanche à 13h30, les skippers se sont retrouvés pour un dernier briefing en début de matinée. Les conditions météorologiques s’annoncent très malléables, de quoi rentrer dans la course et gagner en confiance. Néanmoins, les pièges seront nombreux tout au long de la course entre Lorient et New York, avec une première dépression à traverser mardi pour les IMOCA.
À retenir :
Les conditions devraient être particulièrement clémentes au départ avec 12 à 15 noeuds de vent
Les skippers quitteront les pontons entre 9h30 et 11h30 ce dimanche
Le départ, qui aura lieu à 13h30, sera diffusé notamment sur France 3 Bretagne, La Chaîne L’Equipe et les réseaux sociaux de la course à partir de 12h55
En parallèle, les joueurs de Virtual Regatta se préparent aussi pour le grand saut
© Arnaud Pilpré
LE FAIT DU JOUR. Un départ majestueux et tout en douceur
Ils ont à peu près connu toutes les configurations au départ. Des conditions virulentes, très toniques, de la pluie ou au contraire un calme relatif. « Il y a toujours trois scénarios au départ : celui qui est rêvé, celui qui est cauchemardesque et l’entre-deux. Nous on va avoir le droit à l’entre-deux », sourit Axel Tréhin (Project Rescue Ocean). « La semaine dernière, on prévoyait un dimanche pluvieux et venté. Là, il va y avoir des éclaircies, du soleil et un vent léger », ajoute Fabien Delahaye (LEGALLAIS). « Nous devrions avoir 10 à 15 nœuds de vent d’ouest », précise Yannick Bestaven (MAITRE COQ V). « Le départ se fera vers l’est de l’île de Groix, ce qui était l’option la plus sécuritaire par rapport à l’orientation du vent », confie Yann Chateau, directeur de course adjoint. « C’est un départ au reaching lancé mais ça nous permet de commencer en douceur », poursuit Alan Roura (HUBLOT).
Dans la foulée, les concurrents devraient faire route vers le nord-ouest et passer proche de l’Irlande. « Ils iront chercher un premier système dépressionnaire qui sera dans le nord des îles britanniques et une bascule de vent qui leur permettra d’avoir des vents d’une trentaine de nœuds et des rafales autour de 40 nœuds », ajoute Yann Chateau. D’après lui, « le début de transat et la course s’annoncent globalement très rapides ».
L’appréhension attendra donc un peu au fil de cette course très exigeante. L’humeur était d’ailleurs légère ce samedi matin lors du dernier briefing avant le départ. Il a d’ailleurs débuté par la célébration d’un anniversaire, celui de Jean Le Cam qui fête ses 65 ans ce samedi. Ce dernier a annoncé hier qu’il couperait la ligne demain afin de valider sa qualification au Vendée Globe, mais qu’il ne ralliera pas New York pour des raisons personnelles.
LA QUESTION. Où se situe précisément la ligne de départ ?
Une fois partis de Lorient La Base, les skippers se dirigeront vers la ligne de départ, dont la modification leur a été notifiée ce matin lors du briefing météo.
« Le régime d’ouest sud-ouest de demain nous a amené à modifier la ligne de départ, explique Francis Le Goff, Directeur de Course. Il est préférable que l’on parte vers l’est en contournant l’île de Groix afin que les bateaux puissent être protégés dans cette zone restreinte. Ce choix a été guidé par la sécurité des marins afin qu’ils aient une ligne absolument dégagée ». Il assure que cela permettra de faire « de belles images ». Et Francis de préciser : « on donnera le départ entre deux bouées avec des viseurs de part et d’autre de la ligne pour juger que personne n’ait volé le départ. Ensuite, il y aura une dernière bouée à contourner 3,5 milles au large au sud de Groix avant que la route ne s’ouvre devant eux dans l’Atlantique ». La zone de départ des Class40 et Vintage sera située en haut de la ligne, celle des IMOCA en bas.
© OC Sport Pen Duick
L’ANIMATION À SUIVRE. Le départ symbolique de SeaKite, Wisamo Michelin et ACC Wing
En parallèle du départ des 48 skippers, SeaKite, Wisamo Michelin et ACC Wing prendront symboliquement le départ de The Transat CIC. Un départ sous voile, 25 minutes avant les concurrents, afin d’offrir un maximum de visibilité aux solutions de transport maritime vélique. Stéphane Bourrut Lacouture, Responsable RSE chez OC Sport Pen Duick, assure que cela permet de « montrer que les bateaux qui utilisent des solutions techniques visant à décarboner le transport maritime existent et peuvent naviguer ».
FOCUS SUR… Un parcours « intéressant, complexe et exigeant »
Cette route, l’Atlantique par la face Nord, est un paradoxe : elle est plus courte (3 500 milles théoriques) que les traditionnelles routes qui mènent aux Antilles, beaucoup plus chaotique aussi. Ici, impossible de bénéficier des alizés, ces vents chauds au portant qui mènent de l’autre côté de l’Atlantique. « Avec son parcours ouvert sur l’Atlantique, c’est la transatlantique en solitaire la plus compliquée car fin avril - début mai, il peut y avoir un enchaînement de systèmes dépressionnaires sur l’Atlantique Nord générant des vents de face », souligne Francis Le Goff, directeur de course. Il assure que les marins pourraient rencontrer des conditions similaires à celles du Vendée Globe, ce qui sera enrichissant pour les IMOCA à sept mois du tour du monde. « On aura potentiellement des conditions difficiles jusqu’au bout », nous confiait hier Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance). « C’est un parcours intéressant, complexe et exigeant, abonde Jérémie Beyou (Charal). Il y aura beaucoup de changements d’allures, de voiles, une grosse cadence… Il faudra être bien réveillé, ça va être tonique ! »
L’INFO EN PLUS. Le Class40 Crédit Mutuel baptisé en musique
Il y avait du monde sur les pontons et les quais en fin de journée vendredi pour assister au baptême du nouveau Class40 Crédit Mutuel. Pour l’occasion, la chanteuse Santa, marraine du bateau, a interprété une chanson depuis le pont du Class40. En présence du président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Daniel Baal, Ian Lipinski a dévoilé son nouveau scow (n°202), lui qui a longtemps été à la pointe avec son bateau actuel (n°158). « On a décidé de favoriser les conditions de medium au portant » souligne Ian. « La carène, plus tendue, offre davantage de puissance et l’agencement de la structure permet de gagner en solidité ». À noter que Ian prendra le départ à bord du Class40 n°158, sa première course avec le n°202 est prévue en septembre prochain.
© Arnaud Pilpré
VIRTUAL REGATTA. Les bons conseils de Basile Buisson
A un jour du coup d’envoi de The Transat CIC, qui sera donné de Lorient à 13h30, tous les regards sont tournés vers le départ. Et comme sur la course réelle, prendre un bon départ est essentiel sur Virtual Regatta Offshore. S’il faut bien sûr peaufiner la météo et la stratégie, ces deux aspects majeurs ne sont pas les seuls à prendre en compte. Selon Basile Buisson, joueur régulier sur Virtual Regatta, « il est important tout d’abord de programmer son départ le plus tôt possible, mettre les bonnes voiles et anticiper sa trajectoire pour les six premières heures. Les premières heures sont très importantes et vont permettre de bien se placer pour attaquer la partie océanique. La route privilégiée est généralement la route nord sur laquelle les concurrents vont affronter une mer dure et des conditions froides. Mais cette année, il faut aussi composer avec des zones de protection des cétacés retranscrits à l’identique dans le jeu ». Il faudra également prendre en compte la gestion de l’énergie, fonctionnalité ajoutée dans le jeu avant la dernière édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « Cette gestion est également très importante. Il faudra bien choisir quand faire sa manœuvre ou son changement de voile car dans les conditions que vont rencontrer les coureurs, le repos sera compliqué. Il vaut parfois mieux ne pas faire un changement de voile si ce n’est que pour quelques heures, ou alors essayer de le faire quand les conditions sont les plus clémentes. Sinon, on risque d’être vite épuisé et mettre beaucoup plus de temps à reprendre sa vitesse optimale », ajoute le joueur, lauréat de l’opération ‘Du virtuel au réel’, qui a traversé l’Atlantique en 2023 à bord du Class40 Google Chrome.
Pour s'inscrire au jeu, c'est ici.
© OC Sport Pen Duick
INFOS PRATIQUES. Demain, une matinée bien chargée !
C’est donc à 13h30 que les skippers s’élanceront ce dimanche. Ils quitteront les pontons de Lorient La Base entre 9h30 et 11h30 avant de se diriger vers la ligne de départ située face à Lomener. Les spectateurs pourront ainsi apercevoir les bateaux sur les côtes environnantes ou à bord de leurs bateaux (tout en respectant la zone réglementée et interdite définie par la préfecture maritime). Le départ sera également à suivre en direct et en vidéo, notamment sur France 3 Bretagne et Nouvelle Aquitaine, La Chaîne L’Equipe, les sites letelegramme.fr et ouest-france.fr mais aussi les réseaux de The Transat CIC. Un live en anglais sera également proposé. Toutes les informations pratiques sont à retrouver sur le site internet www.thetransat.com
ILS ONT DIT
Alan Roura (HUBLOT, IMOCA) : « Les conditions ne sont pas encore certaines en force et en angle mais il n’y aura pas plus de 15 nœuds sur la ligne. On laissera ensuite l’île de Groix à tribord avant de contourner une bouée au large. On évite de tirer des bords au près en solitaire. Après, il y aura le choix de mettre ou non une voile sur le bout-dehors. Ça nous fait commencer en douceur même si c’est un départ au reaching lancé. Après, il y aura des phases à gérer, mardi, jeudi notamment. La mer est assez courte donc il faudra sûrement la jouer un peu « safe ». Au reaching, dans 30 nœuds établis, les bateaux vont très vite et il y a une possibilité de se faire mal. Ensuite, on verra à partir de quand on commence à ‘faire de l’ouest’. Il y a encore des phases d’inconnu. Je vais tout faire pour être dans le match ! »
© Vincent Curutchet
Yannick Bestaven (MAÎTRE COQ V, IMOCA) : « Comme à chaque fois, il faudra faire attention à ne pas abîmer les bateaux et faire un bon départ, être bien placé. Il y aura 10 à 15 nœuds d’ouest donc c’est plutôt sympa comme type de départ. Mon objectif, c’est d’arriver de l’autre côté et voir New York, je n’y suis jamais allé. Ce qui va être intéressant en matière de stratégie, c’est le fait qu’il y ait pas mal de transitions. Ça va donner du jeu. Étant donné que je suis déjà qualifié pour le Vendée Globe, je n’ai pas de pression ! »
Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, IMOCA) : « Ça va bien. La pression monte forcément un petit peu mais ça fait un petit moment que l’on attend ça. On aurait pu s’entraîner un petit peu plus mais le timing était très serré. On va essayer de prendre du plaisir. Et ça va être un très bon entraînement avant le Vendée Globe. Les conditions de départ sont plutôt clémentes donc c’est assez rassurant et sympa pour une mise en jambes. Après, ça va se corser au fur et à mesure mais comme toutes les transats, ça ne peut jamais être une croisière. Ça va être très bien pour éprouver le bateau et essayer de confirmer tout le travail fait cet hiver par mon équipe et mes partenaires. J’ai hâte de partir. Cette phase de départ n’est pas mon moment favori car c’est toujours chargé en émotions mais une fois en mer, je me sens toujours bien. J’ai hâte que la ligne de départ soit coupée, que Groix soit passée et qu’enfin je sois tout seul pour traverser l’Atlantique pour la 16e fois. »
Antoine Cornic (HUMAN IMMOBILIER, IMOCA) : « Ça va plutôt bien. Pour une fois, on a vraiment de la chance. En Bretagne, il fait un temps tout à fait agréable. Je vais profiter de cette dernière journée pour aller manger en famille parce que mon frère habite à un quart d’heure d’ici. Le bateau est prêt. Je vais faire une bonne dernière nuit et puis direction New York ! Demain, le départ va être sympa. Je pense qu’il y aura de belles conditions avec un peu de thermique et un beau spectacle pour ceux qui vont pouvoir y assister. On aura ensuite une petite zone de molle à vite passer pour entrer dans le vif du sujet avec le sud-ouest qui va rentrer pour monter dans le nord de l’Irlande et aller chercher cette dépression pour continuer cette traversée. Je n’ai aucun objectif sportif étant donné que je suis qualifié pour le Vendée Globe. Le seul but est de ne pas abîmer le bateau et de faire ces deux transats pour vraiment s’entraîner et vérifier que tout le chantier d’hiver que l’on a fait sur le bateau est correct. Après, le sport revient toujours au galop. Il ne faut pas longtemps pour que l’on craque et que l’on appuie sur la pédale d’accélérateur ! »
© Bastien Hebras
Fabien Delahaye (LEGALLAIS, Class40) : « Il y a une semaine, on prévoyait un dimanche pluvieux et venté. Là, on va être sur un départ plus cool avec des éclaircies, du soleil et un vent assez léger. Ça enlève une part de stress dans la gestion du trafic : on va avoir une flotte assez compacte dans une zone restreinte au départ. Le parcours au départ passe par l’Est de l’île de Groix pour partir sur un bord. Ensuite, la météo va nous emmener vers l’ouest de l’Irlande pour gérer un premier front. On devrait avoir une traversée assez rapide avec un système dépressionnaire Est-Atlantique, une dorsale à traverser et de nouveau une dépression. Ça s’annonce express donc engagé ! »
Rémi Gerin (FAIAOAHE, catégorie Vintage) : « Je suis prêt, le bateau est prêt, la météo est pas mal sur les premières heures et puis ça va monter progressivement. J’ai un petit trac comme avant chaque départ mais on sera libéré quand on sera en mer. »