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Dans les coulisses du sauvetage de Thimoté Polet

Samedi dernier, le skipper de ZEISS a été victime d’un démâtage dans 30 nœuds de vent de moyenne et des creux de 3 à 4 mètres de vague. Thimoté, blessé à la main, a réussi à conserver sa lucidité grâce au soutien constant de la direction de course. Hélitreuillé par les services de secours américains, il a pu être pris en charge et ses nouvelles sont rassurantes. Alors qu’un bateau est en route pour aller chercher son Class40, retour sur une mission à haut-risque et le sang-froid de tous les acteurs mobilisés pour lui porter secours.


En ce samedi, les arrivées se poursuivent sur la ligne située à 110 milles de la côte Est des États-Unis. À New York, on vient de saluer l’arrivée des trois premiers Class40 et fêter le duel entre Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli) et Ian Lipinski (Crédit Mutuel). Tous ont des images plein la tête de ces monocoques dans la baie de New York. Pourtant, à plus de 250 milles des côtes, loin de l’euphorie du moment, c’est le chaos pour un des concurrents, Thimoté Polet (Zeiss). À 23 ans, il dispute sa première transatlantique en solitaire à bord d’un Class40. Le jeune homme, dont le sourire reste gravé dans la mémoire de tous ceux qui l’ont croisé, est alors en proie à la violence des éléments.



« Le risque, c’était de créer un suraccident »


Des rafales de 30 nœuds de moyenne, des pointes à 40 nœuds et une mer formée de 3 à 4 mètres balaient la zone où il évolue. Son monocoque, un plan Verdier mis à l’eau en 2021 qui a été le bateau de Cédric Chateau jusqu’à la dernière Route du Rhum – Destination Guadeloupe, tente de résister. A 12 heures (heure de New York), Thimoté appelle la direction de course en état de choc. « Il nous a signifié qu’il avait démâté et qu’il avait une grosse douleur à la main », confie Francis Le Goff le directeur de course.


Thimoté est sous le choc et peine à trouver les mots. La direction de course (DC) poursuit le dialogue et le préparateur de Thimoté, Romain Gayant, participe aussi aux échanges. Il faut hiérarchiser les priorités. La DC encourage d’abord à libérer le mât. « Le risque, c’était de créer un suraccident, de créer une voie d’eau qui serait encore plus problématique pour lui et le bateau », précise Francis. Les propos rassurent Thimoté et le poussent à agir. Il prend un antalgique afin de lutter contre la douleur lancinante dans sa main puis s’empare de sa meuleuse. « Il était regonflé à bloc, précise Francis Le Goff. En deux temps, il est parvenu à se libérer du mât ».





Une chaîne de solidarité des deux côtés de l’Atlantique


Dans le même temps, la direction de course s’active. Le personnel du Cross Griz-Nez* est alerté tout comme leurs homologues américains du MRCC** basés à Newport. Un centre médical basé à Toulouse est également sollicité pour établir un premier diagnostic mais la communication avec le bord n’est pas d’assez bonne qualité. « On a quand même réussi à poser les premières bases du diagnostic en constatant qu’aucune de ses blessures ne présentait un problème vital », précise Francis Le Goff.


La Britannique Miranda Merron, ex-skippeuse et membre de la DC, assure la liaison avec les secours américains. Ces derniers décident d’envoyer un avion afin de repérer le Class40. L’aéronef le survole, une communication VHF est d’ailleurs établie à cette occasion. Ensuite, les secours américains décident d’envoyer un hélicoptère secourir le skipper même s’il est à la limite de la zone dans laquelle il peut intervenir pour s’assurer de faire l’aller-retour. L’hélicoptère va d’ailleurs s’arrêter sur une petite île pour faire le plein en carburant.


Des nouvelles rassurantes de Thimoté


Afin de pouvoir procéder à l’hélitreuillage de Thimoté, les Américains avaient donné plusieurs consignes dont le fait de libérer le gréement qui trainait derrière le bateau. Le jeune Havrais s’y est employé avant d’assurer toutes les tâches qu’il avait à faire : enfiler sa combinaison de survie, prendre ses papiers, une lampe de poche, préparer son radeau et des fumigènes au cas où et vérifier que les balises fonctionnent…. « C’était important de lui donner les informations au compte-goutte pour ne pas céder à la panique et préparer au mieux l’arrivée des secours ».


Une fois l’hélicoptère sur place, un plongeur a été descendu jusqu’à l’eau pour remonter le skipper dans l'habitacle de l'appareil. Pris en charge, il a été transporté directement dans un hôpital où les équipes médicales ont pu procéder à des premiers soins. Un suivi médical a également été assuré afin que le marin puisse poursuivre ses soins une fois qu’il sera rapatrié dans l’Hexagone.


Les nouvelles que Thimoté a pu donner à ses proches – dont une partie est à New York – sont particulièrement rassurantes. Par ailleurs, dimanche, son assurance a affrété un bateau qui a mis le cap vers le large afin de récupérer le bateau. Le Class40 ZEISS devrait ainsi être ramené dans l’une des marinas de Newport d’ici 24 heures. De quoi mettre un terme à cette péripétie où tous les acteurs mobilisés, au premier lieu la direction de course, ont su garder la tête froide pour intervenir, porter secours à Thimoté et lui permettre, déjà, de retrouver le sourire.  


 


*Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage


**Maritime Rescue Coordination Centre

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